Sujet
- #Le système de censure du cinéma sud-coréen
- #Régime autoritaire
- #La liberté artistique
Création: 2024-01-19
Création: 2024-01-19 16:23
Affiche du film La Toile d'araignée
Alors que « Star Wars » connaissait un immense succès aux États-Unis, ouvrant l’ère de la science-fiction et des blockbusters, la Corée du Sud était soumise à un contrôle de l’industrie cinématographique par le régime dictatorial. **Dans les années 1970, les studios coréens devaient soumettre leurs scénarios aux autorités et obtenir leur approbation avant de pouvoir tourner un film.** Sorti en salles en 2023 et disponible sur Netflix pour cette saison de Noël, « Cobweb » est une comédie noire qui met en scène des réalisateurs coréens de cette époque, tentant de faire preuve d’imagination personnelle, et des personnalités du secteur essayant de survivre dans ce contexte.**
Le réalisateur Kim Yeol (Song Kang-ho) est devenu un réalisateur spécialisé dans des mélodrames sensationnalistes après le succès de son premier film. Il se fait même rabaisser par des journalistes rencontrés dans un restaurant de nouilles, qui le traitent de réalisateur de films de série B. Pourtant, il ne souhaitait pas réaliser des films de série B. **Pour échapper à la censure du gouvernement, il devait soit tourner des films anticommunistes, soit des mélodrames à petit budget.**
**Kim Yeol est obsédé par le désir de réaliser un chef-d’œuvre qui séduira à la fois la critique et le public avec son film « Cobweb ».** Il est convaincu que si seulement il refaisait la fin de son film « Cobweb », déjà entièrement tourné, il obtiendrait un film extraordinaire. Mais les autorités de censure refusent son scénario modifié, et le producteur refuse également le tournage additionnel, en invoquant le coût et la censure.** De plus, le décor du film est destiné à être démonté pour le tournage d’un autre film.
**Poussé dans ses retranchements, Kim Yeol enferme les fonctionnaires chargés de censurer le scénario et, après avoir fermé les portes du studio à coup de chaînes, il force le tournage additionnel.** Mais l’attitude tiède des acteurs, le producteur qui le serre de près et la censure gouvernementale ne lui permettent pas de se détendre un seul instant. Comme s’il marchait sur une corde raide, le réalisateur Kim s’efforce tant bien que mal de mener son film à bien.
Photo du film La Toile d'araignée
**Ce film, sorti en 2023, a été salué par la critique mais n’a pas rencontré le succès escompté dans les salles coréennes.** Il est sorti à l’occasion de Chuseok (추석), une période de vacances en Corée où de nombreux spectateurs se rendent dans les salles obscures, et où les films de genre clairs et divertissants sont généralement programmés. Ce film ne semble pas présenter de genre évident et ne propose pas un divertissement visuel particulièrement développé.
Pour autant, c’est un film de comédie noire divertissant. **L’ambition et la passion artistique qui entrent en conflit avec le contrôle exercé par un régime dictatorial constituent une situation qui ne prête pas à rire, mais le film sublime cette situation en une comédie.** Il se moque également du régime dictatorial qui contrôlait la production cinématographique et réprimait la liberté d’expression à l’époque, et rend hommage aux cinéastes des générations passées qui ont réalisé des films dans des conditions difficiles.
Le jeu des acteurs est également très agréable. Song Kang-ho, qui a joué dans « Parasite », se transforme en Kim Yeol, le réalisateur obsédé, et des actrices comme Im Soo-jung et Jung Soo-jung reproduisent le style de jeu et de prononciation propre au cinéma coréen des années 1970.
Les cinéphiles, et ceux qui ne manquent aucun film sorti en salles, apprécieront particulièrement ce film. Au siècle dernier, le cinéma était soumis à la censure, non seulement en Corée, mais aussi dans de nombreux pays du monde. Aux États-Unis, par exemple, de 1930 à 1960, le cinéma n’était pas considéré comme relevant de la « liberté d’expression » garantie par le Premier amendement de la Constitution. **Les cinéphiles qui se souviennent de l’ère de la censure ou qui possèdent des connaissances sur le sujet pourraient bien avoir un sourire amer en regardant ce film.**
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